Comment réduire les problèmes de résistance aux herbicides

les problèmes de résistance aux herbicides

Les phénomènes de résistance des adventices sont en augmentation. Ceux-ci concernent surtout les graminées adventices. Dans notre pays, le vulpin, mais également le jouets-du-vent et le ray-grass, sont les adventices présentant le plus de problèmes de résistances. En Europe, les phénomènes de résistances sont principalement dus à 4 familles d’herbicides : les FOPs et les DIMs (A), les sulfonylurées (B), les triazines (C1) et les urées (C2). Contrairement aux fongicides, la résistance aux herbicides a une évolution plus lente dans le temps et dans l’espace. En effet, les adventices ont des cycles de vie bien plus longs que les champignons et se déplacent moins vite et moins loin que les pathogènes.

Chaque échec dans le désherbage n’est pas nécessairement imputable à un phénomène de résistance. D’autres éléments peuvent l’expliquer : conditions météorologiques au moment de l’application, antagonisme éventuel entre herbicides, manque de mouillant… Si ces hypothèses sont écartées, la question de la résistance peut alors se poser.

Qu’est-ce que la résistance ?

Certaines adventices possèdent des résistances à certains types d’herbicides. Les traitements herbicides ne « créent » pas la résistance en tant que tel, mais sélectionnent certains individus qui survivent au traitement et ont donc un avantage certain dans leur multiplication.

Il existe deux mécanismes principaux de résistance

Il s’agit du processus par lequel l’adventice inhibe l’effet de l’herbicide:

  • Résistance par modification de cible : suite au changement de la structure de la cible au niveau de l’adventice, elle n’est plus reconnue par l’herbicide. La résistance est alors totale et le risque de résistance croisée avec d’autres herbicides de la même famille est élevée. Dans le cas du vulpin, ce type de résistance affecte les familles FOPs, DIMs et sulfonylurées
  • Résistance métabolique :  les adventices présentant ce type de résistance dégradent l’herbicide plus rapidement que les adventices sensibles. La résistance est dans ce cas partielle et fonction de la rapidité de dégradation de l’herbicide par l’adventice. Dans le cas du vulpin, ce type de résistance affecte les familles FOPs, DIMs, urées et sulfonylurées

Quelles bonnes pratiques adopter pour éviter la résistance?

En cas de situations avérée de résistance, les mesures ci-dessus doivent être respectées scrupuleusement (doses maximale, séparation de produits aux modes d’action différent…). Un programme d’application est dès lors conseillé : une application d’automne pour assurer une pré-sensibilisation, suivi par une application foliaire de printemps.

Conseils contre la résistance

  • Une bonne rotation, alternant culture d’hiver et de printemps permet de rompre les cycles de multiplication des adventices présentes en céréales d’hiver.
  • L’alternance des matières actives dans le désherbage des céréales, mais également dans la rotation permet de limiter le risque d’apparitions des résistances.
  • Limiter à une application par an maximum d’un mode d’action
  • Une application en séquence plutôt qu’en mélange de produits au mode d’action différent est préférable
  • La réduction de dose est à proscrire
  • Certaines pratiques culturales permettent également de lutter de manière générale contre les adventices et donc limiter les possibilités d’émergence d’adventices résistantes : faux-semis, déchaumage, labour…
  • Le nettoyage de la moissonneuse après la récolte d’un champ envahi de graminées résistantes évite la dissémination vers d’autres parcelles.